Captain Savoy et ses Captain-Skis, VII : la bataille de l’arc-en-ciel en pont de gemmes flamboyantes

Dans le dernier épisode de cette troublante série, nous avons laissé Captain Savoy alors qu’il venait d’expliquer à Captain Corsica, son ami, qui était l’Homme-Taureau Fomal, et de lui demander de l’aider à l’arrêter dans ses menées criminelles contre le Soleil levant. 

Longtemps alors Captain Corsica médita ces paroles, qui le firent beaucoup rêver. Il les avait toutefois rapidement comprises. Il désirait seulement s’imprégner des termes de ce récit, et de ce qu’ils impliquaient pour l’ordre et l’évolution du monde – si fascinants à considérer pour les mortels et leur vie sur Terre, et si importants à saisir pour les génies, les anges et les héros qui veillent à ce que cette vie sur Terre se déroule conformément aux vues des dieux. Puis, ayant fini de méditer, il annonça à Captain Savoy la décision qu’il avait en fait d’emblée prise : « Il faut, il faut absolument que je t’aide, dans cette mission, et que nous remettions ce taureau noir dans son énorme geôle ! » 

Alors Captain Savoy sourit, et dit : « Allons-y ! » 

D’un commun accord vers le vaisseau spatial de Captain Corsica ils revinrent, avant d’y monter et de l’emprunter pour voler vers l’Orient cosmique. 

Déjà le Taureau noir s’était arraché à l’atmosphère de la Terre, gagnant rapidement les voies où roule le Soleil : et c’était là, en vérité, qu’il fallait aller le chercher ! 

Aussi l’astronef de Captain Corsica s’élança-t-il vers l’est, vers l’horizon où brillait encore le Soleil à travers l’ombre démoniaque et cornue du monstre abhorré – puis, au lieu de suivre l’inclinaison de la Terre, qui se courbe à l’est aussi bien qu’à l’ouest, il continua tout droit son chemin, gagnant les domaines où la lumière du Soleil devient palpable, où elle est faite en vérité de pavés d’or. Là, ils virent le Taureau noir, armé de pied en cap, et suivi d’une armée de gnomes, se dirigeant sur un pont d’arc-en-ciel mal gardé vers le Soleil, afin de le dévorer ou tout au moins d’en croquer des parties, pour se rendre plus fort, pour se rendre plus puissant ! Car attrapant des morceaux de Soleil et les ingérant il serait pareil à un dieu, et capable de diriger le monde, et de s’en prendre aux plus hauts anges, les détruire et les disperser, et s’asseoir sur le trône d’or d’un des dieux de l’univers. Alors, suffisamment fort pour imposer son règne, il répandrait la terreur dans le ciel, et ferait tomber les étoiles pour en cueillir le suc et détrôner les dieux.

Captain Corsica caressa des joyaux lumineux incrustés sur son tableau de bord en or : ils s'allumaient à son toucher et cela dirigeait dans les airs son vaisseau léger, fait de métal éthérique. Il s'en allait vers l’armée ennemie, et les deux amis songeaient que malgré le nombre de soldats démoniaques elle ne serait rien pour eux – d’ailleurs Captain Savoy avait pensé à amener avec lui une troupe d’elfes savoisiens, pour le seconder efficacement dans sa nouvelle mission : ils restaient à l’arrière du vaisseau, y créant un éclat doux qu’on voyait à travers les hublots, prêts à sortir et à surgir. Captain Savoy songea qu’ils s’occuperaient des nains cornus que Fomal avait trainés à sa suite, pendant que lui et Captain Corsica s’occuperaient de ce monstre de si haute origine : ils ne seraient pas trop de deux contre sa puissance insigne. 

Dès que le vaisseau se fut posé sur le pont d’arc-en-ciel surplombant de ses pierres précieuses multicolores les pavés d’or de la lumière solaire, les elfes enthousiastes se précipitèrent à l’extérieur en riant, et ce fut comme une explosion de lumière qui brièvement ternit la voie d’or du Soleil, mais scintilla de plus belle sur les gemmes du pont d’arc-en-ciel, et fit éclater cette troupe armée comme si elle eût été faite d’anges arrivant directement des étoiles et portant sur eux des armes faites de leurs rayons étincelants : en plus faibles, ils étaient tout pareils à ces anges du ciel, ces elfes de Savoie !

L’épée levée, ils fondirent d’un coup sur la troupe épaisse et sombre des gnomes cornus, qui laissaient derrière eux, sur les gemmes si pures du pont d’arc-en-ciel, d’horribles ordures visqueuses, d’immondes saletés répugnantes et affreuses, et ce fut comme si un bélier de lumière eût enfoncé les murs d’une forteresse d’ombre. Puis les coups plurent en masse, entre ces elfes de lumière et ces gnomes de ténèbres, et la mêlée fut terrible, faisant des victimes malheureuses dans les deux camps.

Mais il est temps de laisser là cet épisode, pour renvoyer au prochain, quant à cette incroyable aventure.

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