Visite à Lourdes : un fond de l’air peut-être trop frais ? Merveilleux et statues d’anges : le conseil de Moïse, l’habitude des anciens
A Lourdes, on peut voir cela : l’église montre des statues et des images de Notre-Dame telle que l’a vue sainte Bernadette dans une grotte.
Les magasins de la ville présentent plus généralement des statuettes et statues que j’apprécie, comme j’apprécie les statuettes de Diane et Apollon qu’on trouve dans les ruines antiques, ou les musées qui les ont recueillies. Ou comme j’apprécie les statuettes et statues, masques et costumes rituels qu’on trouve dans le beau musée des Arts premiers, quai Branly à Paris. Je ne fais pas forcément de différence : j’aime toujours ces représentations.
L’intellectualisation plus ou moins grande des figures, ou leur moralisation, n’en dit pas tant sur le monde des dieux qu’on aspire à montrer. Jamais l’Eglise n’a voulu montrer, à ses débuts, les saints tels qu’ils avaient été sur Terre : bien plutôt ce qu’ils étaient devenus au Ciel - pures idées s’émanant parmi les étoiles en corps sensibles, grâce aux visions des artistes ou des mystiques.
Le plaisir artistique découle de la représentation à vocation spirituelle, dans la mesure où imaginer le ciel des idées donne du plaisir - en particulier si on les rend accessibles à l’entendement ordinaire. Cela n’a nul besoin d’être justifié : il ne s’agit pas d’une pathologie, contrairement à ce que prétendent trop de psychologues, de psychanalystes et de professeurs, mais d’une faculté normale et naturelle chez l’être humain.
A entendre les philosophes, seuls les plaisirs de la pensée logique, d’un côté, ceux de la chair, de l’autre, seraient légitimes ; ceux de l’imagination ne le seraient pas. Quelle ineptie ! Comme c’est faux ! L’imagination unissant la pensée et le corps en un tout unifié, elle fait peur au dualisme spontané de l’Occident. Mais rien n’est plus pur que l’art qui en découle.
Nos philosophes assurent qu’ils détestent l’imagination artistique parce qu’ils visent une pensée plus pure que celle qui passe par le symbole, l’allégorie, la figure. En réalité, dans l’immense majorité des cas, ces cœurs si idéalistes sont simplement angoissés parce que la chair à laquelle ils sont spontanément attachés est menacée de relativisation par leur éthérisation dans l’image.
Même parmi les catholiques affichés cela arrive, je l’ai expérimenté au cours d'une visite décevante, l’air était frais, alors qu’il aurait dû être chaleureux. Pourquoi gâcher l’enthousiasme du moment en récriminant contre les statuettes du merveilleux chrétien, ou contre mes poèmes qui, oui, s’en nourrissent, je ne sais pas. Il faut savoir se laisser porter par le merveilleux : sinon les idées les plus pures restent lettre morte. L’imagination donne vie à la pensée : sans elle, ce qui vit dans le crâne n’y résonne que dans le vide.
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