Printemps des Poètes à Annecy: poésie et rêverie, volcans et songes
Sans blaguer, c'était la ville de François de Sales, le plus poétique des écrivains ecclésiastiques, et plus tard un écrivain moins connu appelé Jacques Replat y fit également merveille. Surtout en prose, mais il est l'auteur d'un récit en vers délicieux, imité du Moyen Âge, évoquant les fées protectrices des châteaux et des maisons féodales, dans un air très celtique, très irlandais, conscient et voulu. Plus tard, un certain Oscar David y composa des vers agréables, enthousiastes et dans le goût de la Belle Epoque et de sa contemporaine Anna de Noailles - qui d'ailleurs consacra quelques poèmes à la ville où Jean-Jacques Rousseau rencontra pour la première fois Mme de Warens. Plus récemment, le poète Jacques Ancet y vécut, enseignant l'espagnol au lycée Berthollet, où j'ai moi-même été élève: il était né à Lyon mais il occupa une place importante à Annecy. C'est un bon poète, dont j'ai parlé dans mes Muses contemporaines de Savoie.
J'évoque le Printemps des Poètes à Annecy et les poètes de la belle cité lacustre, on l'a peut-être deviné, parce que je me rendrai au centre Bonlieu, moi-même, pour exposer mes livres en compagnie des éditions Livres du Monde, qui ont publié deux de mes ouvrages, pas essentiellement faits de poésie, mais qui en contiennent: un sur la Bretagne, un sur les Etats-Unis. Mais j'ai aussi publié trois recueils de poèmes, comme on ne l'ignore peut-être pas, et le dernier, en particulier, est loin d'être épuisé! Il s'agit de Chants et conjurations, aux éditions de l'Œil du Sphinx.
Je me suis inscrit pour lire deux poèmes. Un a même un rapport avec le thème proposé pour cette manifestation, le volcan. Ils sont tirés de Poésies d'ombre pâle, publié en 2007 par Le Tour Livres, quasiment épuisé. Je les ai un peu refaits, de telle sorte que je risque de les rééditer dans un éventuel Quatrième Recueil, naturellement en préparation.
Le premier est censé illustrer le sentiment de la colère à travers diverses images symboliques, nées comme en rêve de cette émotion dangereuse: François de Sales disait qu'en s'endormant avec elle on se mettait entre les mains du démon. Le voici:
Colère
Le tigre courait dans la nuit
Et rugissait sous un volcan
Dans l'air un brasier étouffant
Sur les crocs brillants a relui
Un tonnerre au loin a grondé
L'éclair a frappé les montagnes
Partout dans l'horrible campagne
S'écroulent des sols effrités
Un feu s'élançait de crevasses
Et des cris affreux de rapaces
Retentissaient dans l'air obscur
Roulaient sinistres les nuages
Hurlant des gouffres du futur
Les mots sans amour de leurs rages
L'autre poème est plus modestement une variation lyrique sur les sylphes, ces gentils esprits liés aux fleurs:
Sylphes
Les fleurs exhalent
Des sylphes verts
Et leurs pétales
De fins éclairs
Les fleurs exhalent
Des sylphes bleus
Et leurs pétales
L'or de leurs feux
Les fleurs exhalent
Des sylphes jaunes
Et leurs pétales
Leur sont des trônes
Les fleurs exhalent
Des sylphes bruns
Et leurs pétales
De doux parfums
Les fleurs exhalent
Des sylphes mauves
Et leurs pétales
Sont leurs alcôves
Les fleurs exhalent
Des sylphes blancs
Et leurs pétales
Sont à leurs flancs
Les fleurs exhalent
Des sylphes blonds
Et leurs pétales
Sont à leurs fronts
Mon père, qui l'a édité le premier, aimait ce poème. Je vous invite à venir l'écouter, tout comme les autres, le 1er mars.
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