La recette de tomme féerique: chapitre 1. Légendes fondatrices sur la merveilleuse origine des techniques humaines
Certains ont pensé qu’il pouvait
s’agir d’extraterrestres : venus d’une autre planète plus évoluée, des
hommes verts ou violets auraient enseigné aux Terriens leur science à eux.
Mais d’où eux l’avaient apprise, nul n’en sait rien : cela ne résout pas la
question des sources.
Dans mon livre de Captain
Orient, j’ai suggéré que c’étaient les hommes du futur qui, revenant dans
le passé après avoir appris à voyager dans le temps, enseignaient des
techniques très évoluées à leurs ancêtres primitifs : nous. C’est une idée
que j’ai vu énoncer, par exemple chez Isaac Asimov ou Gérard Klein : je
l’ai développée.
Les chrétiens disaient que c’étaient
les anges du dieu unique qui avaient enseigné ces techniques, après avoir pris
forme humaine, ou en prenant possession de simples mortels, ou même en s’unissant
à des vierges ravissantes, comme le dit la Bible. Et alors les évêques les
présentaient comme des démons, de mauvais anges, des anges déchus : ils
enseignaient des idées, des concepts et des techniques sur lesquels on estimait
que l’être humain aurait mieux fait de rester ignorant, tels que la bombe
atomique. Heureusement depuis on en sait plus, on sait que la bombe atomique
est un don généreux des dieux contre les Nazis et les Japonais.
On raconte souvent, aussi, que
les inventions techniques ont été faites par hasard : on cherchait quelque
chose, et on trouvait autre chose. Qui était derrière cette ruse ? On a
encore imaginé des extraterrestres, poussant invisiblement l’esprit humain dans
une direction précise pour un but connu d’eux seuls, qu’on n’aurait pas
poursuivi si on l’avait su, parce qu’on l’aurait trouvée trop incroyable, ou
malséante.
Le philosophe René Descartes, de
son côté, a conçu une méthode scientifique d’analyse et d’observation qu’il a
déclaré avoir reçue au préalable dans un rêve : et quel ange lui parlait,
alors ? Il a pourtant créé le rationalisme moderne, dit-on : celui
qui prétend tout expliquer sans les anges. Mais Descartes disait que par l’inspiration
le poète pouvait aussi trouver des vérités, et il avait bien raison. L’ange
alors s’appelle la muse, et il a un visage charmant, digne qu’on l’épouse à
jamais. Tout conteur est tenté de le faire, et les bons le font souvent.
Mais je laisse à la prochaine
fois la présentation de diverses traditions relatives à l’origine divine du
fromage, parmi les bergers de différents pays de ma connaissance.
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