Un article sur le poète américain H. W. Longfellow célébrant la Savoie publié
Longfellow a également créé le mythe romantique et sentimental d'Evangéline, si fameux au Québec, puisqu'elle était une Française installée dans le Maine et persécutée par le pouvoir anglais. Dans le poème qu'il lui consacre, le poète américain se donne l'occasion de décrire avec beauté les Etats-Unis du temps. Il est donc emblématique, et il faut voir que l'originalité d'autres poètes plus célèbres les fait parfois côtoyer la folie, et ne crée pas, somme toute, de résultat artistique objectivement plus convaincant en moyenne. Avoir un grain de folie est bien, mais, comme le disait Horace, savoir ce qu'on dit aussi.
Bien sûr, Longfellow a été accusé de trop imiter les Européens. Il ne pratiquait pas assez un particularisme pouvant s'afficher comme supérieur, comme la technologie affiche l'Amérique comme supérieure. Mais mettre à jour et donner forme à la mythologie mohawk n'est pas imiter servilement les Européens. Il s'agit aussi de puiser dans une tradition continentale profonde. Il l'a fait en participant intimement à cette mythologie.
Dans sa jeunesse, il imitait, c'est vrai, davantage les romantiques européens de son temps, notamment les Français: dans la logique de Jean-Jacques Rousseau et d'Alphonse de Lamartine, il a commis un joli poème sur la Savoie qui a justement été pour moi l'occasion d'un article, publié dans l'édition 2026 de l'Almanach des Pays de Savoie (Arthéma). Il y peint des amours qui, dans le cher pays que j'habite, ne peuvent pas devenir réellement tragiques: un peu comme dans un célèbre poème de Michel Houellebecq, la Savoie y est une île possible, brillant suspendue au milieu du temps, où l'amour est facile, où tout est donné dans l'instant.
Les poètes anglais, surtout à la suite de Rousseau, ont abondamment chanté la Savoie à cette époque: Percy Shelley, William Wordsworth, et même Samuel Coleridge, qui ne s'y est jamais rendu, mais qui rêvait sur les tableaux qu'on en envoyait en Angleterre. Longfellow se plaçait dans leur foulée, alimentant le mythe de la Savoie arcadienne que le prestige des Allobroges déjà entretenait, et que les engouements touristiques ne démentent toujours pas.
Je vous invite donc à lire cet article, et tout le reste, bien sûr, de ce magazine passionnant!

Comments
Post a Comment