Captain Savoy et ses Captain-Skis, IX : le combat des héros contre l’Homme-Taureau
Déjà Fomal ouvrant toute grande sa volumineuse bouche était
sur le point de planter ses dents dans le gigantesque globe d’or, lorsqu’il
entendit derrière lui le son des skis glissant sur la voie d’arc-en-ciel. Il se
retourna, contrarié que son désir fût mis en péril par de vils mortels déguisés
en génies, et ses yeux globuleux et rouges lancèrent un éclair : des
flammes parurent autour de son front. Car il reconnut sans tarder Captain Savoy
– lequel il avait déjà affronté, à son détriment. C’est lui, qui avait refermé
et verrouillé la porte de sa prison, dont il était parvenu, après bien des
siècles, à pousser sur ses gonds, détruisant son loquet affaibli par le temps.
C’est lui, qui lui avait donné un coup de lance qui lui avait rappelé celle
d’Alar, premier des guerriers cosmiques, trônant parmi les étoiles par la grâce
de son père le vieux Dordïn. C’est lui, qui l’avait humilié en lui montrant
que, par leurs progrès, les mortels, au moins pour certains d’entre eux, devenaient
peu à peu pareils à des anges, à des êtres du ciel – à se rapprocher d’Alar et
de Dordïn !
Il avait même dû essuyer, quelque temps plus tard, une attaque
de son premier disciple l’Elfe jaune, spécialement préposé à la garde des
environs du Môle, et sa nouvelle défaite l’avait mis en fureur : il avait
accusé, blasphématoire, les dieux de favoriser la médiocrité au détriment de la
grandeur, de mettre au pinacle des êtres minables et dégénérés, au lieu de
reconnaître sa légitimité à régner – pour mieux régner eux-mêmes, et écraser
sous leurs talons toute velléité d’existence au-dessous d’eux. Avec les Hommes,
c’était facile : trop faibles, ils ne leur faisaient pas d’ombre. Mais
lui, Fomal, l’Homme-Taureau, il aurait pu s’emparer de la Terre et y régner à
leur place, ils le savaient bien, il en avait la puissance !
Sans attendre de voir qui accompagnait Captain Savoy – il
lui suffisait de voir que ce n’était pas l’Elfe jaune –, il tendit sa main
droite, et voici ! une rafale d’énergie dévastatrice en jaillit, pour
atteindre Captain Savoy et le tuer : Fomal avait perfectionné cette
technique, avant de ressortir de sa geôle, et il savait que Captain Savoy, au
cas où il se mettrait encore en travers de sa route, n’y réchapperait pas.
Fort heureusement Captain Savoy, de son côté, avait appris
un autre art bien utile : créer, autour de soi, un bouclier d’énergie qui
lui faisait comme un revêtement scintillant de rubis, et qui détournait, voire
arrêtait les traits de feu les plus acérés et les plus violents, les plus
brutaux, les plus puissants. Se tournant légèrement il regarda rebondir sur sa
poitrine épaisse la rafale flamboyante de l’Homme-Taureau : il n’en
ressentit qu’une petite gêne, ne subit qu’un léger recul.
L’Homme-Taureau le refit avec plus de détermination, en
ajoutant son autre main. Cette fois une flamme jaillit sur le bouclier
d’énergie rouge de Captain Savoy, et, déréglé, le bouclier durement atteint se
zébra en éclairs. Captain Savoy fut projeté à plusieurs dizaines de mètres en
arrière sur la voie d’ar-en-ciel, ses skis toujours aux pieds. Dans sa chute
l’un d’entre eux se brisa et, comme il était lui aussi rempli de feu astral,
une flamme blanche jaillit à cette rupture, et Captain Savoy, subissant encore
le contre-coup, fut projeté jusqu’au bord de la voie d’arc-en-ciel : une
partie de son corps était désormais suspendue au-dessus du vide. Sa tête était
penchée sur l’abîme. Quoique étourdi du coup reçu, il put le voir, l’admirer,
et voici, il était effrayant !
À suivre !
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